Films, Musiques & Livres

Pas un bruit
Pas un bruit

(titre original : Hush, Thriller,  USA, 2016, 87 min)

Réalisateur : Mike Flanagan

Scénario : Mike Flanagan, Kate Siegel

Musique : The Newton brothers, 

Direction artistique : Elizabeth Boller, 

Photographie : James Kniest, 

Montage : Mike Flanagan,

Société de production : Blumhouse productions, Intrepid pictures

Société de distribution : Netflix

Avec...Avec : John Gallagher Jr., Kate Siegel, Michael Trucco

 

Synopsis :  

Maddie Young (Kate Siegel) est une jeune écrivain sourde et muette ayant décidé de s'installer seule dans une maison au fond des bois, espérant que le calme et la solitude lui permettraient de retrouver l'inspiration pour écrire son prochain livre. Après une petite visite amicale de sa voisine, Sarah (Samantha Sloyan), elle ne se doute pas le moins du monde de la présence d'une autre personne près de la maison, un homme masqué et sadique (John Gallagher Jr.) qui est bien décidé à la tuer…

 

Dans la presse et au fil des blogs...

Maddie Young est une jeune auteure sourde qui a décidé de s’installer dans une maison isolée au cœur des bois. Une condition favorable au retour de la muse. Mais également au début des emmerdes : parce que, c’est une hypothèse, mais si un dangereux psychopathe venait frapper à sa fenêtre et qu’elle était privée de téléphone, elle serait grave dans le pétrin. Ah... c’est précisément le sujet de Pas un bruit...

En cinq minutes, Mike Flanagan a déjà tout contextualisé, structuré, balisé. Une jeune femme s’essaie à la cuisine, utilise son ordinateur et son portable, discute avec une voisine tandis que son plat brûle dans le four, déclenchant l’alarme. Quelques gestes banals à l’exécution machinale qui s’enchaînent dans le plus grand naturalisme : les sons sont bruts, la musique est absente. Les personnages elles-mêmes abandonnent la plupart du temps la partition vocale pour préférer les gestes du langage pour sourds-muets. Cette entrée, d’apparence anecdotique, juste fonctionnelle, contient déjà tout le sel de ce qui fera Pas un bruit (Hush en version originale), à savoir une oeuvre minutieusement ciselée dans laquelle chaque cadre est signifiant, chaque détail compte (tous les éléments décrits ci-dessus vont avoir un rôle dans le reste de l’intrigue), chaque action est soupesée. L’atmosphère s’installe doucement jusqu’à une entrée en jeu fracassante de la menace : Flanagan joue avec la surdité de son héroïne et expose un meurtre aux yeux et aux oreilles de tous tandis qu’elle y reste isolée, affairée à son ménage.

Petite chose fragile forcée à l’hermétisme aux stimulations de son environnement, Maddie constitue la proie idéale, celle avec laquelle le chat peut s’amuser à loisir étant donné qu’elle ne peut compter sur personne au milieu de sa villa sans voisinage et privée d’électricité. Sans Wifi, sans ouïe fine, Maddie s’en remet à son instinct de survie et lutte férocement pour défaire son assaillant aux motivations floues voire inexistantes (un autre point pour Flanagan). Face à ce cruel bourreau, l’héroïne s’en remet à ses propres facultés d’analyse, aux perceptions qui lui restent et repose sur les atouts qu’elle possède, en l’occurrence son terrain (la villa et les alentours) et tous les objets qui s’y trouvent. C’est sur ce combat à distance, psychologique comme physique, que se joue ce survival tragique qui se débarrasse de tous les oripeaux du genre, ne s’amusant jamais à le déstructurer ni à en reproduire tous les codes aveuglément.

Deux ans après Oculus, un film d’épouvante saisissant, Flanagan persévère dans sa petite découverte du genre horrifique et livre un nouveau film de peur minimaliste : au miroir d’Oculus succède la surdité dans Hush, un nouveau concept développé avec génie par le cinéaste.

Damien Taymans, cinemafantastique.com)


 Après un The Mirror convaincant et au final assez prometteur, Mike Flanagan revient avec Pas un bruit, sorti chez nous discrètement en VOD. 

Bien que bénéficiant d'efforts de mise en scène évidents, cette nouvelle livraison souffre d'une comparaison inévitable avec la multitude de home invasion déjà disponible sur le marché. Et force est de constater qu'on est loin de la portée du Funny Games de Michael Haneke, ou encore, pour remonter un peu plus aux sources, Les Chiens de paille de Sam Peckinpah.
Si une certaine frustration se fait sentir en fin de projection, elle est en partie due à des personnages, bien que peu nombreux, qui ne sont pas réellement développés. L'état initial de Maddie demeure initial jusqu'au bout et en dehors de ses activités pour survivre, elle ne connait aucune évolution. Même chose du côté du tueur dont on ne connait pas grand chose, ni l'identité, ni les motivations. Difficile ainsi de ne pasrester perplexe face à ce jeu du chat et la souris non dénué de saveur mais au final gratuit et voyeuriste. Les intentions de l'auteur semblentfloues et Pas un bruit se construit sur des facilités d'écriture excessives et trop risquées au regard de la filmographie plutôt bien fournie du genre.

Mike Flanagan réalisateur et co-auteur de Pas un bruit, est pourtant loin d'être un réalisateur négligeable. Il avait livré un étonnant The Mirror (la couverture de notre numéro 3 à commander ici), plein de promesses quant à la suite de sa carrière. L'effet de surprise est donc un peu entamé face à ce métrage déroutant, dont le concept fort – nous faire vivre le handicap de la surdité de l'intérieur – ne parvient pas àpallier l'absence de fond. La déception pourrait s’arrêter là, mais du coup on s'interroge sur la forme que prendra la suite du médiocre Ouijadont il prend les rênes et dont on espérait un nivellement par le haut – même s'il semblait difficile qu'il en soit autrement. 

Excessivement brut, Pas un bruit, sans être complètement médiocre, s'avère un peu frustrant alors que son concept – Blumhouse s'en sort plutôt bien dans ce domaine – de l'héroïne sourde permettait d'attaquer le home invasion sous un angle nouveau et d'ajouter du piment à l'ensemble dans la première partie du film. Mais il était naïf de penser que cela suffirait pour faire tenir le métrage sur cette idée de base sans chercher à la creuser plus en profondeur. Dommage, on imagine sans mal la réussite d'un tel projet s'il était passé entre les mains d'un scénariste plus inspiré et peut-être d'un producteur un peu moins radin, le film étant évalué à 70 000 $.

(N.F.T., terreurvision.com)

 

Vu en juillet 2018 (Netflix) (Marianne)