(Thriller, France, 2009, 84 min)
Réalisateur : Abel Ferry
Producteurs délégués : Alain Benguigui, Thomas Verhaeghe
Scénaristes : Johanne Bernard, Louis-Paul Desanges
Ingénieurs du son : François Sempé, Julien Sicart
Directeur de production : Benjamin Phuong Dung
Monteur son : Grégoire Couzinier
Assistant de production : Nicolas Leprêtre
Décorateur : Sébastien Inizan
Casting : Aurélie Guichard
Directeur artistique : Olivier Afonso
Photographe de plateau : Laurence Tremolet
Assistant à la réalisation : Jean-Baptiste Pouilloux
Directeur de la photo : Nicolas Massart
Assistante opérateur : Marie-Sophie Daniel
Monteuse : Soline Guyonneau
Assistant monteur : Édouard Perchet
Scripte : Nina Rives
Auteur de la musique : Jean-Pierre Taïeb
Costumières : Bénédicte Levraut, Charlotte Lebourgeois
Mixeur : Grégoire Couzinier
Régisseur général : Marc Brunet
Avec... Fanny Valette : Chloé Lambert, Johan Libéreau : Loïc Riveaux, Raphaël Lenglet : Guillaume Frot, Nicolas Giraud : Fred Téna, Maud Wyler : Karine Dupré, Justin Blanckaert : Anton Zomarech, Guilhem Simon : l'adolescent
Sociétés de production : Sombrero films, Gaumont
Synopsis :
Poussé par un désir d’aventure et l’envie de se retrouver, un groupe d’amis se lance sur une via ferrata, une voie d’escalade en haute montagne, en Croatie. Pour Chloé, Guillaume, Fred, Karine et Loïc, le vertige des sommets et celui de sentiments enfouis va vite compliquer le voyage, d’autant qu’ils découvrent avec horreur qu’ils ne sont pas seuls… L’expédition va rapidement virer au cauchemar.
A l'instar d'autres pays européens, la France n'est pas en reste avec les productions horrifiques mais force est de constater que les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de nos attentes. C'est sans compter avec cette bande qui coiffe tout le monde au poteau : VERTIGE d'Abel Ferry, petit film qui ne paie pas de mine mais ô combien énorme de par le rush d'émotions qu'il procure !
Le métrage concerne cinq jeunes qui partent escalader une via ferrata en Croatie mais la montagne n'est pas la seule épreuve à laquelle ils vont être confrontés. Le propre d'une excellente histoire est de pouvoir la résumer en une seule phrase et même si vous avez l'impression de l'avoir déjà entendue auparavant, ne reculez pas devant l'apparente simplicité de la chose. Car le scénario en béton armé contient moult rebondissements inattendus et réussit de surcroît l'exploit pourtant difficile de créer l'empathie avec certains personnages antipathiques au possible. Un tel soin apporté à l'écriture fait réellement plaisir à voir dans la morne plaine des récentes tentatives dans le cinéma de genre français dont certaines ne semblent exister que pour de mauvaises raisons. Ici, point de mégalomanie à l'horizon, juste un jeune réalisateur ayant concocté avec réel talent une ambiance aussi tendue que les cordes de grattes de Motörhead et qui ne relâche personne jusqu'à la dernière image. Dans une caractérisation sans failles où personne n'est ni blanc ni noir, chaque personnage trouve écho chez le spectateur. On connaît tous la difficulté de s'intégrer dans un groupe d'amis déjà solide et c'est l'obstacle principal de Loïc (Johan Libéreau). Nouveau petit ami de Chloé (Fanny Valette), il doit également subir la présence inattendue de son ex, Guillaume (Raphaël Lenglet). S'ensuivent les inévitables tensions entre les deux jeunes hommes qui vont se transformer en un combat beaucoup plus mortel dont nous vous réservons les surprises. Le groupe est complété par le meneur Fréd (Nicolas Giraud) et sa petite amie Karine (Maud Wyler).
En sachant que le film a été tourné en décors réels, il convient de saluer l'équipe d'avoir autant subi et assuré pour la partie escalade. La seule débutante devant la caméra est Maud Wyler mais cela ne se ressent à aucun moment. A parfaite égalité de jeu avec ses camarades, chacun insuffle une vraie vie à son rôle et l'on se surprend à avoir une réelle compassion pour eux et leur destin.
La première partie nous montre le petit groupe grimper cette fameuse via ferrata, une sorte de chemin d'escalade où l'on est aidé par des câbles et des marches en fer rudimentaires. Cette partie fonctionne autant sur le plan exposition puisque tout le monde se révèle sous pression que comme une mise en bouche d'une tension sans cesse croissante. Nous ne pouvons passer sous silence le passage de la passerelle, un grand moment de terreur où l'on a nul besoin de souffrir de vertige pour retenir son souffle et s'accrocher aux accoudoirs de son siège. Le film bascule ensuite naturellement dans sa partie survival qui n'a rien à envier à ce qui précède. Mais au lieu d'innover dans les meurtres, Abel Ferry a choisi de nouvelles façons de les mettre en scène, sans doute un peu poussé par le manque de moyens aussi. Cela donne lieu à plusieurs passages savoureux, en particulier lors d'une agression se déroulant entièrement dans le noir. Les seuls bruits sont les cris et les gémissements de la victime, ponctués de son appareil photo dont le flash éclaire à peine l'agresseur qui approche.
L'identité des chasseurs n'est astucieusement révélée qu'à la fin du métrage et surprend là encore par une originalité qui risque de décevoir ceux qui s'attendent à une explosion d'horreur. Mais au contraire, ce choix est aussi intelligent et efficace que le reste du film qui ne recule devant aucune brutalité. Plus méchant que vraiment gore, Abel Ferry va jusqu'au bout des choses, dépeignant une violence sauvage où les personnages puisent au fond de leur désespoir dont la survie reste la motivation principale. Ce qui n'empêchera pas certains de suivre un agenda plus personnel dont ils paieront le prix fort.
Sur un plan plus technique, Abel Ferry emploie à bon escient le format 2.35 pour un rendu magnifique des paysages Savoyens faisant office de montagnes croates. Certaines prises de vue sont proprement hallucinantes lorsque le groupe grimpe la via ferrata et même si la caméra à l'épaule fait partie du voyage par la suite, Abel Ferry n'en abuse pas, se contentant d'intégrer cet effet vite insupportable aux scènes d'action pure. Nous aimerions également accorder plein de bons points au compositeur Jean-Pierre Taieb pour une musique relevant de manière impeccable les émotions véhiculées dans les différentes scènes. Il semblerait que le survival ait encore de beaux jours devant lui mais il conviendrait toutefois d'instaurer une loi contre l'utilisation des pièges à loups parce que l'idée s'est déjà essoufflée depuis longtemps et ne surprend plus personne. Ce petit bémol n'est cependant pas grand chose au sein d'une production qui tient toutes ses promesses et même davantage.
Marija Nielsen, devildead.com
Vertige (d’abord titré Ferrata) nous emmène en Croatie où un groupe d’amis (Fanny Valette et Johan Libéreau dans les rôles titres) se préparent à une petite journée d’escalade. Beaux paysages, soleil rayonnant, quelques tensions au sein du groupe (deux ex se retrouvent après quatre ans), mais bonne ambiance tout de même. Ca chante à tue-tête Allright de Supergrass (sorte de fil rouge musical). Mais, première mauvaise surprise la voie Ferrata est fermée. Faisant fi de l’interdiction (nos joyeux lurons ne vont pas s’embarrasser de la consigne croate), la grimpette commence. Et les ennuis avec.
Pont défectueux, ligne de vie interrompue (pour les non pratiquants, dont je suis, ce sont les pitons accrochés à flanc de montagne qui balisent et sécurisent le chemin), piège à loups, et présence locale inhospitalière. Très vite, l’expédition se métamorphose en chasse à l’homme. Premier long pour Abel Ferry (après des pubs et quelques sketches pour les Guignols), tourné en décors naturels, avec une implication physique des acteurs (très peu de trucages, pas de fond vert), Vertige se présente comme un film ambitieux. La première partie du métrage, malgré une exposition un peu longue, parvient à faire ressentir le malaise des hauteurs et la peur panique du vide. Plans en contreplongée des alpinistes comme suspendus dans les airs, survol des parois rocheuses où, agrippés, ils apparaissent désespérément seuls, fragiles et vulnérables. Ferry filme la verticalité, arrive à faire flipper avec un pont suspendu branlant, à rendre tangible l’idée de vertige. Doublant sa narration avec deux événements dramatiques simultanés (trois personnages qui ont « décroché » et un autre pris dans un piège), le film glisse progressivement de Cliffhanger à Délivrance. La séquence nocturne, grâce à une bonne idée visuelle (noir complet, bruits inquiétants, seuls les flashes d’un appareil photo révèlent la scène) provoque malaise et frousse, tout à la fois.
Malheureusement, la deuxième partie ne tient guère ses promesses.
Autant les extérieurs, par leur beauté et leurs dangers intrinsèques faisaient saliver, autant la découverte de la tanière de l’ennemi coïncide avec un abandon formel trop visible. Les plans deviennent confus, boursouflés, la caméra épileptique et brouillonne. Les acteurs, jusque là assez sobres, tombent dans l’hystérie. Ca gueule, ça hurle, ça éructe. La musique omniprésente essaie de guider les émotions du spectateur, comme si les images ne suffisaient plus. On est déstabilisé par des incohérences scénaristiques qui ne cadrent pas avec la psychologie des personnages qui nous a été brodée depuis le début (le jeune homme amoureux qui abandonne sa petite amie, la petite amie qui oublie un couteau près du corps du « chasseur » forcément encore un peu vivant…). La volonté de nommer le monstre, de lui donner un visage, une identité nuit à l’abstraction qu’il doit représenter. Incarner le Mal, c’est l’humaniser donc l’édulcorer. Les ultimes minutes, mettant aux prises la proie et le prédateur, frisent le ridicule. La crudité bestiale et sèche, marque de fabrique d’un bon survival cède la place à un salmigondis de mauvaise facture. Vertige perd l’équilibre et oublie alors la différence entre film ambitieux et prétentieux.
Dommage que la tension inaugurale ne tienne pas la distance, dommage que le scénario se disperse aux quatre vents, dommage que l’épouvante tourne au grotesque. Dommage, trois fois dommage.
(Ursula Von Trash, cinemafantastique.net)
Vertige, c’est l’histoire d’une bande de potes bien formatés, un peu niais et trop pleins d’entrain, comme beaucoup de jeunes Français bien propres sur eux et dynamiques, du 16ème arrondissement de Paris. Sans beaucoup d’originalité non plus, ils décident d’aller faire de l’escalade dans les massifs croates. Tout ou presque se passe bien jusqu’au moment où l’un d’eux décide de faire emprunter au groupe un chemin qui, pourtant, leur est interdit pour des raisons de sécurité. Bien entendu, ces jeunes crétins se retrouvent rapidement dans la merde en haut d’une corniche. Obligés de couper par une zone dont ils connaissaient la dangerosité, ils se rendent rapidement compte qu’ils sont pris en chasse par un redneck croate bien décidé à les coller dans son garde-manger aux côtés de la viande des grisons et du saucisson de bouquetin.
Sous ce résumé assez railleur se cache en fait une critique assez positive du premier long-métrage d’Abel Ferry, auteur de divers courts-métrages comme le bancal Le Bon, la brute et les zombies ou l’excellent Putain, la vieille faut pas l’énerver !, et de diverses pubs et clips. Il est vrai que ces quelques lignes servant de résumé sont moqueuses mais qu’en fait, sous une histoire on ne peut moins originale avec les sempiternels jeunes se faisant traquer par un cinglé, se cache un survival réussi. Malgré certaines situations parfois un peu poussives et le fait que Vertige est une nouvelle oeuvre quelque peu ombrageuse pour les folders touristiques des pays de l’Est, le métrage d’Abel Ferry s’en sort au bout du compte tout à fait honorablement.
Progressivement, le réal parvient à instaurer une sacrée tension et arrive à pondre une jonction parfaite entre les deux parties de son film. En effet, Vertige est d’abord un film d’aventure en montagne qui se transforme, dans sa seconde partie, en un survival pur et dur. De ce fait, tout est fait pour que le spectateur éprouve la sensation de vertige à de nombreux moments devant la hauteur de certains lieux où se situe l’action. Ferry filme avec énergie et insuffle à son film un rythme soutenu qui tient bien en haleine. De plus, la plongée dans l’horreur est une réussite totale et parvient à faire oublier le manque d’originalité scénaristique de départ. Les acteurs parviennent, eux, à rendre leurs personnages insupportables de niaiserie et font preuve d’un classicisme attachant sur la longueur. Cet état de fait constitue l’une des réussites du film et l’on se prend à s’intéresser au destin de ces jeunes, plus particulièrement à celui d’une Fanny Valette aux formes généreuses bien mises en valeur par le cinéaste.
Même si certains passages paraissent un peu ineptes durant la seconde partie, comme le fait d’oublier des armes dans des moments où on en aurait fort besoin, ou encore l’aspect général du Jason (ici surnommé Anton) de service qui fait plus pitié que réellement peur, Vertige est tout de même un excellent survival hexagonal, qui peut amplement rivaliser avec certains productions ricaines actuelles. Abel Ferry ne sombre heureusement jamais dans le torture porn, mais offre des passages réellement violents et burnés.
(Alexis W., cinemafantastique.net)
Film tourné en Savoie et dans les Pyrénées (le scénario situe l'histoire en Croatie). Belles images d'escalade, quelques maladresses et invraisemblances qui brouillent un peu le suspens mais le tout n'est pas si mal, avec des acteurs inconnus qui s'en sortent assez bien. Pour ma part j'ai trouvé la musique envahissante, pompeuse et un brin démonstrative.
Vu en juillet 2018 (Netflix) (Marianne)