Drame historique (France-Allemagne, 2013, 130 min)
Réalisateur : John Welles
Scénario : Tracy Letts (d'après sa pièce : 'August : Osage County')
Décors : David Gropman
Costumes : Cindy Evans
Photographie : Adriano Goldman
Montage : Stephen Mirrione
Musique : Philippe Rombi
Avec... Pierre Niney : Adrien, Paula Beer : Anna, Ernst Stötzner : Hoffmeister, Marie Gruber : Magda, Johann von Bülow : Kreutz, Cyrielle Clair : la mère d'Adrien, Anton von Lucke : Frantz, Alice de Lencquesaing : Fanny
Synopsis :
En Allemagne, après l'armistice de 1918. Tous les jours, Anna va fleurir la tombe de Frantz, son fiancé mort dans les tranchées de la Somme. C'est alors qu'elle surprend Adrien, un jeune Français venu se recueillir. Il finit par se présenter et dit à la jeune femme qu'il était ami avec Frantz. D'abord réticents à le recevoir chez eux, les parents de Frantz l'invitent à dîner et finissent par apprécier la présence du jeune homme, qui apaise leur peine en racontant ses souvenirs avec leur fils. Pendant ce temps, Kreutz, un nationaliste qui voudrait épouser Anna, voit d'un mauvail oeil l'arrivée de cet ancien ennemi. D'autant que l'amitié entre Anna et Adrien devient de plus en plus profonde...
Dans la presse...
En 1919, dans le cimetière de sa petite ville allemande, sur la tombe de son fiancé, mort au combat quelques mois auparavant, elle découvre des fleurs. Et un homme en pleurs. Anna ne savait pas que Frantz avait eu un ami français, avant la guerre. Les parents du mort repoussent, d’abord, ce jeune homme dont la vie ajoute à leur chagrin. Mais Adrien évoque avec tant de flamme sa vie avec Frantz, à Paris qu’ils en redemandent. Un jour, pourtant, il s’enfuit. Et Anna part à sa recherche. En France…
Le film repose sur deux périples. Deux rêves qui ne peuvent que finir mal. Mais le grand personnage du film, c’est elle, qui s’éveille, se révèle, s’accepte — contrairement à Adrien.
Chez François Ozon, les images contredisent toujours les discours. Sans doute parce qu’il confronte en permanence l’inconscient de ses personnages (ici, l’amitié très amoureuse d’Adrien pour Frantz) avec ce qu’ils disent ou taisent. Le cinéaste contemple leurs erreurs et leurs mensonges avec une indulgence dénuée de la provocation de ses débuts. Depuis quelques films, il semble avoir atteint l’osmose délicate entre audace et lyrisme.
Reste l’épouvante, intacte, devant les pères. Dans Frantz, français ou allemands, ils sont tous des infanticides qui envoient leurs fils à la mort et trinquent à leur décès. Le moment le plus intense du film est celui où deux de ces victimes s’étreignent dans une tranchée. L’un assassiné, l’autre épargné, mais à jamais mort.
Pierre Murat (Télérama)
Vu en mai 2018 (DVD collection personnelle-Jérôme) (Marianne)