Karaté kid, le moment de vérité (1 et 2)
Drame familial et sportif, arts martiaux (USA, 1984-1986, 127-113 min)
Réalisation : John G. Avildsen
Scénario : Robert Mark Kamen
Musique : Bill Conti
Photographie : James Crabe
Montage : John G. Avildsen,
Walt Mulconery et Bud S. Smith
Décors : William J. Cassidy
Costumes : Richard Bruno et Aida Swinson
Avec...
(1) : Ralph Macchio (VF : Luq Hamet) : Daniel LaRusso, Pat Morita (VF : Roger Carel) : M. Kesuke Miyagi, Elisabeth Shue (VF : Amélie Morin) : Ali Mills, Martin Kove (VF : Patrice Keller) : John Kreese, Randee Heller (VF : Martine Messager) : Lucille Larusso, William Zabka (VF : Edgar Givry) : Johnny Lawrence, Ron Thomas (VF : ?) : Bobby Brown, Rob Garrison : Tommy, Chad McQueen : Dutch, Tony O'Dell : Jimmy, Israel Juarbe (VF : Thierry Bourdon) : Freddy Fernandez, William Bassett (VF : Jacques Brunet) : M. Mills, Larry B. Scott : Jerry, Juli Fields : Susan, Dana Andersen : Barbara, Bernie Kuby (VF : Jacques Deschamps) : M. Harris, Frances Bay (VF : Francette Vernillat) : la vieille dame au chien
(2) : Ralph Macchio (VF : Luq Hamet) : Daniel LaRusso, Pat Morita (VF : Roger Carel) : M. Kesuke, Miyagi Danny Kamekona (VF : Jacques Deschamps) : Sato, Tamlyn Tomita (VF : Emmanuelle Bondeville) : Kumiko, Nobu McCarthy (VF : Jacqueline Porel) : Yukie, Yuji Okumoto (VF : Patrick Poivey) : Chozen, le neveu de Sato, Martin Kove (VF : Patrice Keller) : John Kreese, William Zabka : Johnny, Joey Miyashima : Toshio, Clarence Gilyard : un soldat américain, B. D. Wong : Garçon dans la rue
Production : Jerry Weintraub
Producteur délégué : R.J. Louis
Sociétés de production : Columbia Pictures, Delphi V Productions
Synopsis :
(1) : Le jeune Daniel LaRusso, 16 ans, et Lucille, sa mère veuve, originaires de Newark dans le New Jersey, partent s'installer en Californie car elle y a trouvé un nouveau travail. Un soir, il fait la connaissance de la ravissante Ali mais ils sont bientôt dérangés par une bande de motards, menée par Johnny, l'ancien petit ami d'Ali, qui aborde brutalement cette dernière. Daniel tente de s'interposer mais reçoit une véritable correction.
Il décide alors d'apprendre le karaté pour se défendre. Miyagi, le vieux concierge de son immeuble, semble être un maître dans cet art et accepte de le lui enseigner, mais il semble plus intéressé de voir Daniel lui peindre ses palissades, lui laver ses voitures et lui faire attraper des mouches avec des baguettes que de lui enseigner réellement l'art du combat. Le jeune « Daniel-san » découvrira par la suite les vertus de ces corvées apparemment inutiles...
(2) :
Six mois ont passé depuis la victoire de Daniel au Tournoi des Arts Martiaux. Alors qu'il devait partir à Fresno pendant deux mois pour suivre sa mère, M. Miyagi propose d'héberger Daniel chez lui. Mais son séjour est compromis à la suite de la réception d'une lettre venant d'Okinawa, île natale de M. Miyagi, et annonçant à ce dernier que son père est gravement malade. M. Miyagi décide donc de se rendre à son chevet. Juste avant d'embarquer à bord de l'avion, Daniel rejoint son maître et ils partent ensemble pour Okinawa.
M. Miyagi avait autrefois quitté Okinawa du jour au lendemain afin d'éviter un combat contre son meilleur ami, Sato, combat à mort qui devait avoir lieu pour laver l'honneur de ce dernier, les deux hommes étant épris de la même femme, Yukie, mais cette dernière avait été promise à Sato.
Arrivé à Okinawa, ils sont réceptionnés par Chozen, le neveu de Sato, qui les emmène dans un hangar où ce dernier les reçoit. Sato n'a pas oublié sa rancœur et veut toujours défendre son honneur. Ce combat aura lieu dès que Miyagi aura rendu visite à son père malade, qui n'est autre que le senseï des deux amis d'antan.
Le village natal de Miyagi a bien changé : il appartient désormais à Sato et ce dernier en loue les terres, sur lesquelles les villageois font pousser des légumes qui sont achetés par Sato et vendus à la ville. L’amour d’antan de Miyagi, Yukie, est toujours présente et ne s’est finalement jamais mariée. En outre, elle a une nièce, Kumiko, institutrice rêvant d’apprendre la danse et dont Daniel va tomber amoureux.
Miyagi refusant toujours le combat avec Sato, ce dernier s'apprête à le frapper quand Yukie leur annonce que le père de Miyagi désire les voir. Ce dernier meurt en tentant de réconcilier les deux amis d'enfance, et Sato accorde à Miyagi trois jours de deuil avant qu'il ne revienne à la charge. Entretemps, Daniel, de plus en plus proche de Kumiko, va avoir quelques démêlés avec Chozen. Une fois les trois jours passés, Sato revient et décide de raser le village si Miyagi refuse de se battre. Afin d’éviter cela, Miyagi accepte finalement le combat, en faisant promettre à Sato que, quelle que soit l'issue du combat, les villageois deviendraient propriétaires de leurs terres.
Le soir du combat, une terrible tempête s’abat sur le village, brisant le temple dans lequel se préparait Sato. Miyagi se lance à sa rescousse et sauve son vieil ami, tandis que Daniel sauve une petite fille en danger et que Chozen refuse d’aider, ce qui mène Sato à renier ce dernier. Miyagi et Sato sont enfin réconciliés et ce dernier, à la suite d'une demande de Daniel, permet aux villageois d’organiser la fête O-Bon dans le vieux château du village comme le veut une ancienne tradition.
Lors de cette fête, Kumiko danse pour les villageois. Mais sa danse est interrompue par l’arrivée de Chozen qui veut se battre avec Daniel pour laver son honneur. Daniel finit par battre Chozen, pourtant senseï des troupes américaines basées à Okinawa, grâce à la technique du Tambourin.
Karaté Kid premier du nom raconte l’histoire d’un adolescent (Daniel Larusso interprété par Ralph Macchio) qui vient s’installer en Californie car sa mère veuve y a trouvé du travail. De famille modeste, Daniel, petit brun, doit faire face dans son nouveau lycée aux blonds californiens friqués qui lui mènent la vie dur en le passant à tabac. Il rencontrera alors un vieil homme japonais qui s’occupe de ses bonsaïs et qui va se prendre d’affection pour ce jeune garçon dont la famille a du mal à joindre les deux bouts. S’ensuit une histoire d’amitié où Monsieur Miyagi (joué par Pat Morita) va enseigner le karaté au jeune homme pour qu’il puisse se défendre.
Mais attention ! Ne voyez pas là un vulgaire film où un maître apprend à son disciple à se battre pour qu’il puisse se venger de l’affront qu’il a subi. Non, ce n’est pas un film de Van Damme, c’est bien au-delà d’une simple histoire, c’est un hymne au karaté, un art martial qui jusqu’alors n’était connu du public occidental que comme une façon spécifique de se battre tel un Bruce Lee ou un Chuck Norris, bref, rien d’extra.
John G. Avildsen n’a pas eu une grande carrière à la réalisation. Mais deux films sortent néanmoins de sa filmographie, le premier, non des moindres, s’intitule Rocky pour lequel il eut l’Oscar du meilleur réalisateur. Comme Stallone a voulu par la suite réaliser les Rocky, Avildsen est allé voir ailleurs ce qu’il pourrait faire (cependant, il réalisa Rocky V qui fut un véritable fiasco). Ainsi, on lui présente le projet Karaté Kid, et il voit là l’opportunité de refaire le coup de Rocky. C’est à dire que, plutôt que faire un vulgaire film de baston, il va se servir de thèmes forts pour développer ses personnages et nous montrer une autre facette du karaté. Fini donc les héros affûtés indestructibles qui se battent sans arrêt. Non, cette fois, le film prend le parti de faire découvrir au spectateur quelque chose de nouveau, l’essence même du karaté, art martial par excellence.
C’est Pat Morita qui va incarner les racines du karaté, c’est à dire avant tout un art martial qui sert à se défendre si nécessaire, mais qui est aussi une façon de vivre, une philosophie de vie. Ainsi, le film va se borner à montrer deux aspects de cet art. Celui qui vise à devenir fort pour écraser les autres, ou celui qui vise à trouver l’équilibre nécessaire de la vie. Ainsi, le spectateur découvre autre chose, une autre facette de cet art que les films des années 70, popularisés par Bruce Lee, avaient fait oublier : le karaté n’est pas une arme, c’est un art.
De plus, le film ne va pas se focaliser que sur cela. Comme pour Rocky, il va développer plusieurs thèmes forts, importants, universels.
La solitude en premier lieu, créée par le rejet des autres. L’amour aussi, l’amour d’un adolescent pour une jeune fille d’un autre monde (en effet, Daniel tombe amoureux d’Ali, jouée par la superbe Elizabeth Shue, qui est une gosse de riche). Et puis l’amitié aussi qui est au centre de l’histoire. L’amitié d’un vieil homme seul qui a perdu femme et enfant, et d’un adolescent sans amis dont le père est mort. Au-delà de l’amitié, c’est aussi une vraie relation père/fils qui se développe, avec une renaissance des deux personnages à travers l’un et l’autre. C’est une très belle histoire exploitée de manière très simple et très légère et sans grosses ficelles, sans jamais appuyer sur un quelconque côté larmoyant, c’est très juste dans le ton et c’est un des points forts du film.
Karaté Kid est pour beaucoup un film culte. Au-delà de l’histoire qui n’a rien de révolutionnaire, Avildsen nous refait le coup de Rocky en nous concoctant un entraînement atypique. Quand Rocky boxe des carcasses de bœufs pour s’entraîner, Daniel doit laver des voitures, doit peindre des mûrs… A cela, il faut rajouter les superbes images sur les divers plans d’eaux (océan et lac) et le travail de l’équilibre qui est le centre du film et de l’esprit karaté.
Alors bien sûr, Daniel devra affronter son tortionnaire, celui qui ne cesse de le battre au lycée, mais l’affrontement bien qu’inévitable ne tourne pas à la vendetta personnelle et reste dans l’esprit du film. L’équilibre est à la base de tout, ensuite il faut savoir se surpasser.
C’est à n’en pas douter un film très agréable à regarder, léger, parfois drôle, parfois émouvant, mais toujours très juste. C’est un beau film, une belle histoire. Il mérite son rang de film culte par son originalité.
Tortillapolis.com
I didn't want to see this movie. I took one look at the title and figured it was either (a) a sequel to Toenails of Vengeance, or (b) an adventure pitting Ricky Schroderagainst the Megaloth Man. I was completely wrong. "The Karate Kid" was one of the nice surprises of 1984 -- an exciting, sweet-tempered, heart-warming story with one of the most interesting friendships in a long time. The friends come from different worlds. A kid named Daniel (Ralph Macchio) is a New Jersey teenager who moves with his mother to Los Angeles. An old guy named Miyagi (Pat Morita) is the Japanese janitor in their apartment building. When Daniel starts to date the former girlfriend of the toughest kid in the senior class, the kid starts pounding on Daniel's head on a regular basis. Daniel tries to fight back, but this is a Southern California kid, and so of course he has a black belt in karate. Enter Mr. Miyagi, who seems to be a harmless old eccentric with a curious hobby: He tries to catch flies with chopsticks. It turns out that Miyagi is a karate master, a student not only of karate fighting but of the total philosophy of the martial arts. He agrees to take Daniel as his student.
And then begins the wonderful center section of "The Karate Kid," as the old man and the kid from Jersey become friends. Miyagi's system of karate instruction is offbeat, to say the least. He puts Daniel to work shining cars, painting fences, scrubbing the bottoms of pools. Daniel complains that he isn't learning karate, he's acting as free labor. But there is a system to Mr. Miyagi's training.
"The Karate Kid" was directed by John G. Avildsen, who made "Rocky." It ends with the same sort of climactic fight scene; Daniel faces his enemies in a championship karate tournament. But the heart of this movie isn't in the fight sequences, it's in the relationships. And in addition to Daniel's friendship with Miyagi, there's also a sweet romantic liaison with Ali (Elisabeth Shue), who is your standard girl from the right side of town and has the usual snobbish parents.
Macchio is an unusual, interesting choice for Daniel. He's not the basic handsome Hollywood teenager but a thin, tall, intense kid with a way of seeming to talk to himself. His delivery always sounds natural, even offhand; he never seems to be reading a line. He's a good, sound, interesting lead, but the movie really belongs to Pat Morita, an actor who has been around a long time (he was Arnold on "Happy Days") without ever having a role anywhere near this good. Morita makes Miyagi into an example of applied serenity. In a couple of scenes where he has to face down a hostile karate coach, Miyagi's words are so carefully chosen they don't give the other guy any excuse to get violent; Miyagi uses the language as carefully as his hands or arms to ward off blows and gain an advantage. It's refreshing to see a completely original character like this old man. "The Karate Kid" is a sleeper with a title that gives you the wrong idea: It's one of 1984's best movies.
rogerebert.com
Réalisé par John G. Avildsen, et reprenant la même trame "underdog" (raté/loser sous-estimé, en gros le contraire de favori), The Karate Kid pourrait bien être vu comme un remake teen de Rocky.
De tous les teen movies des années 80, c'est sans doute un de ceux qui a le plus mal vieilli. C'est aussi parce que c'est l'un des plus populaires et que, jusqu'au remake de cet été, il continuait à avoir droit à un certain nombre de rediffusions, tant l'histoire racontée a marqué au fer rouge une partie de la jeunesse des années 80 et 90.
Autant vous prévenir : dans la mesure où ce dossier est dédié aux films des années 80, pensez bien que le reproche « c'est ringard » n'est pas recevable chez moi. Certes, Daniel Larusso s'habille avec des chemises de bûcheron, associées à des pantalons army et à des rayban aviator ; et oui, il se fait tabasser sur fond de Bananarama ; et oui, quand il part en date, c'est à « Golf n'Stuff », à tel point qu'on a du mal à croire qu'il ait quand même réussi à emballer après un truc pareil, mais...
Mais c'est le pacte qu'on passe avec ce film quand on décide de le regarder. Il a été tourné en 1984, s'adressait à un public adolescent de 1984, et montrait par conséquent ce qui était over-the-top cool en 1984 quand on avait 13-15 ans (y compris Golf n'Stuff, donc). Pensez donc à tous ces jeunes qui se sont mis au karaté après avoir vu le film !
The Karate Kid, c'est l'histoire de Daniel Larusso (Ralph Macchio, qui avait 23 ans mais semble être étranger au phénomène de vieillissement tant on lui donne réellement 15 ans), un adolescent italo-américain, un brin petite frappe, un brin antipathique. Il déménage de son Newark natal (dans le New Jersey, sur la côte Est des Etats-Unis - Newark, ça craint, c'est l'emblème de la ville dangereuse, mal famée et pourrie, aux Etats-Unis) pour aller s'installer avec sa mère célibataire à la Reseda, un quartier pas génial de Los Angeles, sur la Côte Ouest. Fils d'immigrés, il vient des mauvais quartiers, et son adaptation dans cette Californie où tout le monde est beau, riche et sympa ne se fait pas sans heurts. Alors qu'il rencontre la jolie Ali (Elizabeth Shue), il se met à dos l'ex de celle-ci, Johnny Lawrence (William Zabka) et tout son gang de blonds surentraînés au karaté dans un dojo quasi-militaire, les Cobra Kaï. L'adaptation dans son nouveau lycée en devient nécessairement musclée, puisqu'il est constamment persécuté par ses nouveaux ennemis et lâché par ses nouveaux amis. Exclu, faible et isolé, il se referme sur lui-même, jusqu'à ce qu'il noue une amitié assez improbable avec l'homme d'entretien de son immeuble, un Japonais un peu étrange, « Mr. Miyagi » (Pat Morita). Lors d'un énième passage à tabac par les Cobra Kaï, Mr. Miyagi vient au secours de Daniel.
Il le prend sous son aile et lui promet de lui enseigner le karaté pour lui permettre de vaincre les Cobra Kaï lors de l'imminent All Valley Karate Championship. L'enseignement de Miyagi à « Daniel-San » révèle le karaté, non plus comme un sport de combat, mais comme une philosophie de vie, un appel à la sagesse et à la mesure. Daniel-san apprend le karaté, non pas pour se battre, mais pour ne plus avoir à le faire, pour s'accepter, se faire accepter et ne plus avoir peur d'aller au lycée.
Une des critiques les plus fréquentes à l'encontre de Karate Kid, c'est la faiblesse du karaté stricto sensu, ce qui est dommage, nous dit-on, compte tenu du titre. Et c'est pas faux : voir ce gringalet de Daniel Larusso démonter la tête de grands blonds musculeux issus probablement d'une expérience nazie avec son ridicule « crane kick » et ses nettoyages de bagnole (le légendaire « wax on, wax off »), ça ne tient pas la route. Mais Karate Kid est bien plus un teen movie qu'un film d'arts martiaux. Le sport ici, sert à véhiculer une autre histoire, celle de l'affirmation d'un gosse, de la création d'un individu. Jusqu'ici, le sport apparaissait en général dans les teen movies comme le pré-carré des jocks, ces sportifs décérébrés par l'esprit d'équipe propre aux sports collectifs du lycée, au mieux complètement stupides, au pire, ce sont des bully bastards - les Cobra Kaï étant dans le prolongement de ce cliché. Avildsen a une autre approche ici.
L'expression « karate kid », c'est avant tout un terme dérogatoire, un sobriquet. C'est la façon péjorative qu'ont les ennemis de Daniel Larusso de se foutre de lui, des minables cours de karaté qu'il a suivi à la MJC de Newark, et des raclées qu'il se prend continuellement. Un peu comme Rocky était moins un film sur la boxe que le portrait d'un raté qui vaut mieux que ce qu'on donnait de lui, Karate Kid est le portrait d'un adolescent paumé et martyrisé, qui a perdu tous ses repères, et qui se reconstruit grâce au soutien d'une figure paternelle de substitution. Le sport est avant tout ce qui permet à un individu de montrer sa valeur. Dans ce schéma, finalement, le karaté n'est qu'un élément secondaire dans l'enseignement de Mr. Miyagi.
Ce que recherche avant tout Daniel dans le karaté, c'est la reconnaissance et le respect. Sorti en 1984, Karate Kid est sans doute un des premiers films grand public à mettre en scène une famille monoparentale et surtout à en utiliser le schéma pour montrer l'insécurité d'un gamin et sa perte de repères. Déraciné de son milieu géographique et social, « Daniel-san » est aussi paumé à la maison, il ne trouve de répit et de protection nulle part. Il est élevé par une mère célibataire visiblement dépassée par les événements, il cherche à plaire à une fille hors de sa portée. Ce n'est pas une mince affaire quand on se fait régulièrement humilier publiquement, et ce, même si Ali est de très loin le personnage de blonde californienne populaire le plus gentil de l'histoire du cinéma. Il faut y ajouter la colère et surtout la peur, pour compléter le tableau. En ce sens, le championnat est un succès pour Daniel puisque, non content de foutre une raclée à la plupart de ses tortionnaires, il reçoit la vraie gratification qui fait aboutir le film : entendre de la part de Johnny Lawrence un très simple « you're alright, Larusso ! ».
Karate Kid, c'est donc avant tout l'histoire d'un gamin paumé, qui a besoin du coup de pouce qui lui redonnera confiance et lui permettra de reconstruire ses repères. Coup de bol donc, que ce janitor / star du karaté, me direz-vous. Pourtant, derrière les grosses ficelles, le personnage de Mr. Miyagi est au passage un des aveux d'échec d'intégration les plus retentissants produits par la culture populaire américaine. Mr. Miyagi est révélé peu à peu comme un immigré nippo-américain installé à Hawaï, qui a combattu avec l'armée américaine en 1941, mais dont la femme a été néanmoins placée en camp par les Américains pendant la guerre. Il a depuis tout perdu et vit une petite vie effacée et sans saveur. La rencontre entre Daniel-san et Mr. Miyagi apparaît ainsi comme bien plus qu'une relation maître-élève ou une amitié improbable. C'est une cellule familiale qui se recrée entre un père sans enfant et un enfant plus ou moins abandonné par ses parents, et c'est là que se situe la vraie force du film.
C'est l'alchimie entre Macchio et Morita qui donne sens à cette histoire qui, en effet, ne brille pas par la précision et la chorégraphie des combats. Le karaté est un liant, puisque c'est le moyen par lequel un adulte montre à un enfant comment faire face au monde seul. D'ailleurs, Miyagi ne s'y trompe pas, lorsqu'il fait remarquer à Daniel-san qu'il n'y a pas de mauvais enfants, seulement de mauvais éducateurs. Ce qui compte ici, c'est la construction des personnages, et le lien qui se tisse entre eux. C'est bien connu, un personnage bien construit excusera toujours des faiblesses et des facilités de scénario. Le personnage de Miyagi illumine le film, avec son humour décalé et son timbre de voix réconfortant. Pat Morita, 100% américain, et dont les faits d'arme sont plus de l'ordre de Happy Days que de La Fureur du Dragon, récupère son patronyme nippon pour le film, Noriyuki, et se crée un accent et une diction venus du pays du Soleil Levant - et sans doute un brin empruntés à Yoda, qui avait déjà séduit petits et grands dans L'Empire Contre-Attaque, 3 ans plus tôt. Il y gagnera une nomination à l'Oscar du meilleur second rôle en 1985, et une place de choix comme monument de la culture populaire adolescente américaine.
Porté par une musique de Bill Conti (qui avait déjà collaboré avec Avildsen sur Rocky, on ne change pas une équipe qui gagne), le film a été un des plus grands succès critique et populaire de 1984, ce qui fut à la fois une bonne et une mauvaise chose. Une bonne chose car, quand un film familial est aussi réussi, ce serait dommage de bouder son plaisir. Une mauvaise chose car, si Avildsen fait de très bons films, il fait aussi de bien mauvaises suites. La fin prévue initialement pour le film - où Miyagi foutait une trempe d'anthologie au senseides Cobra Kaï - fut placée finalement au début d'une suite, qui perd toute la richesse de ce premier volume, pour devenir un alignement de clichés sur le Japon de nos ancêtres.
Karate Kid 2 n'est plus un teen movie, mais devient réellement un film d'arts martiaux raté. Et que dire de Karate Kid 3, si ce n'est que ça ressemble à s'y méprendre à un trop long épisode de Baywatch meets Le Rebelle meets toute autre série Z californienne ? Par ailleurs, le succès du film en a fait une telle garantie de succès facile que Will Smith n'a pas trouvé mieux pour lancer la carrière de son rejeton en mai 2010. Ralph Macchio est devenu à l'époque une idole adolescente, recevant quantité de lettres enamourées de fans, mais il s'est malheureusement totalement enfermé dans ce rôle et ses suites, à tel point qu'il continue de cachetonner sur ce personnage de Daniel Larusso à presque 50 ans pour se donner l'illusion d'avoir eu une carrière - il a notamment tourné une vidéo parodique lourde en références à son succès de 1984 pour le site Funny or Die.
Reste que The Karate Kid, le seul et original, sera à jamais dans les mémoires pour ce portrait novateur et touchant de l'adolescence qu'il a proposé. Alors que les teen moviestraitaient en général de la vie au lycée, de castes et de l'intégration à la microsociété lycéenne, ici, on sortait assez vite du lycée, car il était question de parler d'affirmation individuelle, qui plus est, par le sport. Avildsen a créé le sport individuel comme objet cinématographique permettant de représenter l'adolescence. Le karaté vaut moins pour les scènes de combats qu'il occasionne que pour ce qu'il montre de l'affirmation de Daniel Larusso. Et c'est en partie parce que le karaté est apparu ainsi comme la voie royale de l'affirmation de soi qu'après la sortie du film, la fréquentation des dojos a explosé, et que les arts martiaux sont entrés dans le parcours classique des adolescents des Etats-Unis et d'ailleurs. Sans doute entendaient-ils mentalement You're the Best de Joe « Bean » Esposito?
Par VIRGINIE A., 2010, sur vodkaster.com
Vu le 15 février 2018 (TV)