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Le rouge vif de la rhubarbe / Audur Ava Ólafsdóttir ; roman traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson.- Paris : Zulma, 2016

 

ISBN 978-2-84304-756-5

 

 

 

 

 

 

 

 

Souvent aux beaux jours, Ágústína grimpe sur les hauteurs du village pour s'allonger dans le carré de rhubarbe sauvage, à méditer sur Dieu, la beauté des nombres, le chaos du monde et ses jambes de coton. C'est là, dit- on, qu'elle fut conçue, avant d'être confiée aux bons soins de la chère Nína, experte en confiture de rhubarbe, boudin de mouton et autres délices. 
Singulière, arrogante et tendre, Ágústína ignore avec une dignité de chat les contingences de la vie, collectionne les lettres de sa mère partie aux antipodes à la poursuite des oiseaux migrateurs, chante en solo dans un groupe de rock et se découvre ange ou sirène sous le regard amoureux de Salómon. Mais Ágústína fomente elle aussi un grand voyage : l'ascension de la « Montagne », huit cent quarante-quatre mètres dont elle compte bien venir à bout, armée de ses béquilles, pour enfin contempler le monde, vu d'en haut... 
Après Rosa candida, inoubliable découverte, Le rouge vif de la rhubarbe est un enchantement.


 Autour du livre, Au fil de la presse...

Souvent aux beaux jours, Ágústína grimpe sur les hauteurs du village pour s’allonger dans le carré de rhubarbe sauvage, à méditer sur Dieu, la beauté des nombres, le chaos du monde et ses jambes de coton. C’est là, dit-on, qu’elle fut conçue, avant d’être confiée aux bons soins de la chère Nína, experte en confiture de rhubarbe, boudin de mouton et autres délices. 
Singulière, arrogante et tendre, Ágústína ignore avec une dignité de chat les contingences de la vie, collectionne les lettres de sa mère partie aux antipodes à la poursuite des oiseaux migrateurs, chante en solo dans un groupe de rock et se découvre ange ou sirène sous le regard amoureux de Salómon. Mais Ágústína fomente elle aussi un grand voyage : l’ascension de la « Montagne », huit cent quarante-quatre mètres dont elle compte bien venir à bout, armée de ses béquilles, pour enfin contempler le monde, vu d’en haut… « D’une grande plasticité, l’écriture d’Ólafsdóttir est mise ici au service d’un projet délicat : peindre le paysage intérieur d’un être à part. Un défi que la romancière relève avec un indiscutable brio. » 
Elena Balzamo, Le Monde des Livres

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Premières phrases du livre :

Elle avait promis à maintes reprises de ne pas descendre seule traîner sur le ponton. Avec ses 
béquilles, elle risquait de trébucher sur les déchets 
de poisson et de tomber dans la mer. 
— Le ressac t’emportera, lui disait Nína. 
Personne n’aurait pu imaginer qu’au lieu du 
ponton, Ágústína mettrait le cap sur sa plage 
privée. C’est qu’elle est du genre téméraire. À la 
voir crapahuter avec ses béquilles, on aurait pu 
croire le contraire. Pendant ce temps-là, Nína 
épluchait les pommes de terre sans se douter de 
rien. 
Ágústína avait mis au point une tactique pour 
entrer en contact intime avec la mer : comme 
un gymnaste au cheval-d’arçons, elle se propulsait à la force des poignets par-dessus les roches 
arrondies du rivage. Les jambes suivaient, collées 
l’une à l’autre, telle la queue d’un petit cétacé qui 
laisserait son sillage sur le sable. Comment Nína 
eût-elle supposé qu’elle se métamorphosait en une 
espèce de phoque sur les récifs et que la plage 
de sable noir était son habitat naturel ?

Elle s’allonge entre deux pierres sur la grève, 
la tête dans le meilleur axe, en prolongement 
direct du nombril et des hanches, de manière à 
contempler la ligne d’horizon.

Jeune adolescente, Ágústína vit en Islande, dans un petit village niché sur une île encerclée par un fjord, avec une Nina, amie de sa mère. Elle doit composer avec son corps : ses jambes ne peuvent la porter, et elle se déplace avec des béquilles, telle une sirène, avec la ferme volonté de parvenir à gravir un jour la montagne qui s'élève à 844 mètres dans la lande voisine. Avec une infinie poésie, l'auteur décrit les jours et les nuits de la jeune fille, ses promenades, sa rencontre avec Salomon, d'un an son aîné, leur attachement mutuel. Le récit est entrecoupé de lettres que sa mère, exploratrice naturaliste lui adresse régulièrement, depuis des contrées lointaines, sous un climat chaud, aux antipodes de la rudesse de la météo islandaise.  Ágústína envoie des messages à son père marin scientifique qui n'a connu que brièvement sa mère, le temps d'une escale technique. Elle glisse ses lettres dans des bouteilles qu'elle confie à la mer depuis le rivage de sable noir. Ainsi s'écoule les jours, parmi des villageois peu nombreux mais cultivés, attachants, actifs : une chorale, une pièce de théâtre proposée par les villageois eux-mêmes, des adolescents forment un groupe de musique/chant, et cet intérêt rigoureux pour les sciences naturelles et les mathématiques enrichissent l'enseignement dispensé aux jeunes gens... 
Magnifique écriture, à la fois simple et enrichissante.

(Lu en janvier 2025, collection Médiathèque de Labarthe-sur-Lèze)