Sauvagines : roman / Gabrielle Filteau-Chiba.- Paris : éditions Stock, 2022
ISBN 978-2-234-09226-6
Raphaëlle est garde-forestière. Elle vit seule avec Coyote, sa chienne, dans une roulotte au cœur de la forêt du Kamouraska, à l’Est du Québec.
Elle côtoie quotidiennement ours, coyotes et lynx, mais elle n’échangerait sa vie pour rien au monde. Un matin, Raphaëlle est troublée de découvrir des empreintes d’ours devant la porte de sa cabane. Quelques jours plus tard, sa chienne disparaît. Elle la retrouve gravement blessée par des collets illégalement posés. Folle de rage, elle laisse un message d’avertissement au braconnier. Lorsqu’elle retrouve des empreintes d’homme devant chez elle et une peau de coyote sur son lit, elle comprend que de chasseuse, elle est devenue chassée. Mais Raphaëlle n’est pas du genre à se laisser intimider. Aidée de son vieil ami Lionel et de l’indomptable Anouk, belle ermite des bois, elle échafaude patiemment sa vengeance.
Un roman haletant et envoûtant qui nous plonge dans la splendeur de la forêt boréale, sur les traces de deux-écoguerrières prêtent à tout pour protéger leur monde et ceux qui l’habitent.
Premières phrases du livre :
Les chaînes fouettent les niches, contiennent tout débordement possible. Le hurlement cacophonique de la centaine de bêtes annonce au maître mon arrivée, flairée sous le vent. Elles jappent d’excitation, maintenant que j’approche et m’enfonce jusqu’aux chevilles dans la boue du sentier de quatre-roues qui mène à leur geôle. Je cherche des yeux la cage où se trouve la dernière portée, pour laquelle j’ai fait toute cette route.
Pourquoi ce titre
Sauvagines est en quelque sorte la suite de Encabanée, un livre que j’ai beaucoup aimé. Je l’ai sortie de ma pal ce mois-ci, car en janvier sort Bivouac, le dernier tome de cette trilogie, et comme je vais lire ce titre avec mon groupe de lecture des sauvageonnes il fallait bien que je lise Sauvagines avant.
Sauvagines – Mon avis
Dans Sauvagines nous faisons la connaissance de Raphaëlle, une garde-forestière qui vit dans une roulotte, avec sa chienne Coyote, au milieu de la forêt du Kamouraska au Québec.
Un jour, Coyote va être prise au piège dans un collet posé illégalement par un braconnier. Cela va rendre folle de rage Raphaëlle et celle-ci va partir en « guerre » contre ce braconnier qui s’approprie sans le moindre scrupule des lieux privés et rôde sans vergogne près de chez elle. Dans sa quête , elle va être aidée par son vieil ami Lionel et va faire la connaissance d’Anouk, que nous avons rencontré dans Encabanée.
Passé la petite adaptation de langage (comprendre que pour Gabrielle Filteau-Chiba un petit suisse est un Tamia, et que quand la bouilloire bloblotte (j’adore), elle boue), j’ai adoré les trois quarts de ce récit. Suivre Raphaëlle dans sa recherche du braconnier fut un réel de plaisir. L’environnement dans laquelle elle vit est tout simplement magique pour moi (bosser en tant que garde-forestière dans une forêt recouverte de neige, mon rêve !) . J’aime beaucoup l’écriture de Gabrielle Filteau-Chiba et sa façon de décrire – et ressentir la nature – , elle est très immersive, à chaque fois je me projette dans son histoire instantanément.
Mais, comme pour Encabanée, l’autrice a le chic pour ajouter dans son récit un détail qui m’agace et me fait me détacher de l’histoire.
Alors bien évidemment, je ne vais rien vous dire sauf que le dernier quart du livre m’a passablement agacé, j’ai trouvé que la résolution de l’intrigue est passée au second plan, par rapport à un événement qui pour moi aurait dû, lui, rester au second plan.
C’est dommage, car Sauvagines était bien partie pour être un beau coup de cœur.
Prochainement , avec les copines Sauvageonnes, nous allons lire Bivouac, le dernier tome de la trilogie. J’ai hâte de retrouver les paysages du Kamouraska, j’espère que pour ce dernier opus l’autrice fera un sans faute.
source : Blog lespassionsdechinouk
Sur les terres de la Couronne du Haut-Kamouraska, là où plane le silence des coupes à blanc, des disparus, les braconniers dominent la chaîne alimentaire. Mais dans leurs pattes, il y Raphaëlle, Lionel et Anouk, qui partagent le territoire des coyotes, ours, lynx et orignaux, qui veillent sur les eaux claires de la rivière aux Perles. Et qui ne se laisseront pas prendre en chasse sans montrer les dents.
J’avais bien aimé Encabanée, le premier livre de l’auteure. Il était cependant très court et la lecture était passée un peu trop vite à mon goût. Il avait aussi quelques petits défauts d’un premier roman, mais j’étais ravie de cette lecture puisque ce genre de livre est assez rare dans le paysage littéraire québécois. J’avais donc très hâte de retrouver Gabrielle Filteau-Chiba et cette seconde lecture a été vraiment excellente. J’ai adoré ce roman.
Dans Encabanée, on suivait Anouk qui s’était exilée dans une cabane dans le bois. Ici, on suit Raphaëlle, une agente de protection de la faune désabusée par son travail. Elle a l’impression que son rôle consiste beaucoup plus à protéger l’économie et les récalcitrants, que la faune de nos forêts. Il faut dire que ses ressources sont assez minces, que le territoire est grand et que les lois ne sont pas forcément conçues pour protéger réellement la faune.
« Mon rôle est entre autres de protéger la forêt boréale des friands de fourrure qui trappent sans foi ni loi, non pas comme un ermite piégeant par légitime subsistance dans sa lointaine forêt, non pas comme les Premiers Peuples par transmission rituelle de savoirs millénaires, mais par appât du gain, au détriment de tout l’équilibre des écosystèmes. »
Raphaëlle vit sur le site d’une vieille érablière abandonnée, proche de la nature. Elle se promène avec la photo de son arrière-grand-mère autochtone dans son camion, une femme qui la fascine et l’intrigue. Elle côtoie les animaux de près, dont une ourse qui se promène sur son terrain. Le livre débute alors qu’elle adopte un animal, mi-chien, mi-coyote, qui sera sa compagne de tous les instants. Sa route croise alors celle d’un braconnier assoiffé de sang, protégé par le silence de ceux qui vivent près de lui. C’est un petit monde, personne ne veut faire de vagues. Quand Raphaëlle découvre qu’il ne traque pas seulement les coyotes et qu’il l’observe, en plus de s’immiscer chez elle, elle ne peut pas se laisser faire.
En parallèle, Raphaëlle découvre le journal qu’une femme, Anouk, a oublié à la laverie. Le carnet s’intitule « Encabanée ». J’ai adoré le recoupement entre les deux romans de l’auteur par l’entremise de ce journal fictif qui fait le pont entre les deux histoires. On découvre alors une nouvelle facette d’Anouk, le personnage du premier livre, et une belle histoire entre elle et Raphaëlle. C’est aussi pour le lecteur l’occasion de faire la rencontre d’un personnage doux et gentil, Lionel, qui fait office de figure paternelle pour Raphaëlle. J’ai vraiment aimé ce beau personnage, droit et ayant soif de justice pour ceux qu’il aime.
« Lionel le solide, le bon vivant, le généreux. Tout ce qu’on espère d’un papa. L’incarnation de l’homme des bois de tous les combats. Celui qui connaît l’âge des arbres, associe le nom des oiseaux à leur chant. Celui qui réconforte ma petite fille intérieure par sa seule présence ici. Quiconque voudrait m’atteindre devra d’abord lui passer sur le corps. »
L’écriture de Gabrielle Filtrau-Chiba est vraiment très belle. Ça se lit comme du bonbon, c’est poétique, militant sans être moralisateur, c’est un livre qui sent le bois d’épinette et l’eau de la rivière, dans lequel on plonge avec un immense plaisir! Si Encabanée était un tout petit livre, Sauvagines est beaucoup plus consistant et le troisième qui m’attends dans ma pile, Bivouac, est encore plus gros. J’ai vraiment hâte de le lire. En retrouvant Gabrielle Filteau-Chiba, ça m’a rappelé à quel point elle a une belle plume. Et surtout, que le roman « long » lui va bien. Elle a le style et le sens de l’histoire pour cela je trouve.
« Je suis convaincu, moi, que pour défendre le territoire, il faut l’habiter, l’occuper. »
Dans Sauvagines, on retrouve cette fois encore de jolies illustrations, comme dans le premier livre. C’est vraiment agréable tout au long de la lecture. J’ai adoré aussi la signification magnifique du titre qu’on découvre au fil des pages. L’image de ce qu’il représente est très forte.
Sauvagines est un hommage à la forêt et aux animaux, un plaidoyer pour l’utilisation responsable des ressources et d’une meilleure justice. Une excellente lecture! Une auteure à découvrir et à surveiller, que de mon côté j’apprécie de plus en plus au fil de mes lectures.
source : Blog moncoussindelecture
Belle immersion dans le monde sauvage du Kamouraska : Raphaëlle Robichaud, qui est chargée de faire respecter les règles aux trappeurs et autres usagers de la forêt vit dans une petite roulotte au milieu de la forêt, pendant la saison de la chasse. Le braconnage est roi, la forêt subit les outrages de coupes 'à blanc', et la toute petite équipe (3 agents) de protection de la faune dédiée à cette région est bien en peine de couvrir tout le territoire. Le lecteur s'acclimate plus ou moins vite au langage fleuri choisi par l'auteur (un glossaire éclaire les expressions les plus étranges), mais la lecture est riche, immersive. quelques croquis de l'auteur émaillent le texte.
(Lu en janvier 2024, collection Médiathèque de Labarthe-sur-Lèze)