Films, Musiques & Livres

No man's land
No man's land

Drame, guerre et espionnage  (série, 8X45', France, Belgique, Israël,  2020)

Création : Amit Cohen, Ron Leshem, Maria Feldman et Eitan Mansuri

Production :  Caroline Benjo, Carole Scotta, Simon Arnal, Maria Feldman, Eitan Mansuri et Jonathan Doweck

Photographie : Stéphane Vallée

Montage : François Gédigier, Boaz Mann et Omri Zalmona

Musique : Rutger Hoedemaekers

Scénario : Amit Cohen, Ron Leshem avec la participation Xabi Molia (dialogues) et de Karine Tuil

Son : Ludovik Van Pachterbeke et Ophélie Boully

Costumes : Catherine Marchand

Décors : Pierre Renson

Société de production : Arte France, Haut et Court TV, Hulu, Masha Productions, Spiro Films

Producteurs : Caroline Benjo, Carole Scotta, Simon Arnal, Maria Feldman, Eitan Mansuri et Jonathan Doweck

 Avec : Félix Moati : Antoine Habert, Mélanie Thierry : Anna Habert, Souheila Yacoub : Sarya Dogan, James Krishna Floyd : Nasser Al-Shammri, Dean Ridge : Paul Wilkins, Jo Ben Ayed : Iyad Bel Tagi, James Purefoy : Stanley / Stuart, Kamal Cadimi : Cheikh Abu-Yasser, François Caron : Philippe Habert, Céline Samie : Marie Habert, Julia Faure : Lorraine, Roda Canioglu : Commandante Adar, Simon Harrison : Ryan Carson, Enja Saethren : Eva Haas, Luke Hornsby : Luis Quintero, Laura Vörtler : Paulina Gacek, Sam Kalidi : Kadir Aktas, Hajar Dardiri : Lale, Djemel Barek : le père de Sarya, Kenza Mouahidi : une combattante, Frédéric Clou : l'employé d'ambassade au Caire, Mark Joyce Wolf : Luke, Nisrine Adam : Helan, Sonia Okacha : Gilia, Fabrice Adde : le professeur d'archéologie, Xabi Molia : Jacob Ash Goldeh : Navid Mark Irons : le père de Paul, Florian Lutz : garde du corps de Stanley, Adam Hussain : Nasser Al-Shammri jeune, Freddie Thompson : Paul Wilkins jeune, Joseph Heppel : Iyad Bel Tagi jeune

 

Synopsis  

La vie d'Antoine bascule le jour où il croit apercevoir sa soeur, qu'il pensait morte, sur une vidéo de combattantes kurdes en Syrie. En partant à sa recherche, il rejoint cette unité de femmes et va voyager avec elles à travers le territoire syrien.

 

 

Dans la presse et au fil des blogs...

Anna Habert, une archéologue française, est déclarée morte lors d'un attentat survenu en Égypte en 2012. Cependant, son frère Antoine, architecte, croit la reconnaitre en 2014 lors d'un reportage télévisé sur un bataillon international engagé aux côtés des troupes de combattantes kurdes des Unités de protection de la femme (YPJ) luttant contre Daesh dans une Syrie en pleine désagrégation. Persuadé qu'il s'agit de sa sœur, il part à sa recherche dans la région de la frontière entre la Turquie et la Syrie. Livré par son passeur à un groupe de Daesh, il ne doit la vie sauve qu'à une intervention d'opportunité des YPJ, qui le font cependant prisonnier, pensant qu'il s'apprêtait à rejoindre les rangs des djihadistes. Il parvient peu à peu à convaincre les membres de l'unité sous la responsabilité de Sarya Dogan qui le retiennent qu'il est là pour retrouver sa sœur. Il leur apporte une aide décisive dans la destruction d'un pont et, gagnant progressivement leur confiance, va s'intégrer à leur groupe et rester en Syrie pour poursuivre son enquête. Il est alors plongé au cœur des opérations contre Daesh et s'immerge dans la guerre. Par ailleurs, Nasser, Paul et Iyad – trois amis d'enfance anglais, issus des quartiers populaires de Londres – arrivent en Syrie pour participer au djihad. Paul et Iyad sont particulièrement motivés et enthousiastes à l'idée de combattre les infidèles et de contribuer à l'établissement du califat autoproclamé. Le trio se retrouve rapidement confronté aux troupes kurdes. L'expérience de Nasser, qui a combattu en Afghanistan avec les troupes britanniques, pousse ses supérieurs à lui confier le commandement d'une katiba, puis à lui confier des fonctions importantes dans la hiérarchie militaire de l'État islamique. Mais certaines de ses actions apparaissent néanmoins étranges, en particulier à Paul, converti à l'islam et profondément endoctriné par la doctrine du djihadisme. Nasser est en contact avec un étrange personnage du nom de Stanley, ce même personnage ayant également connu Anna, en Égypte, en s'étant présenté comme un membre d'une ONG défendant les Printemps arabes.

(Wikipedia)


Mélisande Queïnnec - franceinfo Culture
France Télévisions  Rédaction Culture
 
Publié le 01/10/2020 15:00Mis à jour le 01/10/2020 18:36
 Temps de lecture : 3 min.
Félix Moati et Mélanie Thierry dans "No Man's Land" (capture d'écran arte.tv) (ARTE)Félix Moati et Mélanie Thierry dans "No Man's Land" (capture d'écran arte.tv) (ARTE)

Tout part du plus anodin des mouvements. Celui d'une femme qui noue ses cheveux en chignon, et qui attire l'attention d'Antoine (Félix Moati) dans une vidéo virale d'explosion en Syrie. "Ce petit geste, c'est incroyable", admet Marie, sa mère (Céline Samie), les yeux brillants, lorsque son fils lui fait part de sa folle théorie : Anna, sa soeur (Mélanie Thierry), disparue en Egypte deux ans plus tôt (la série, déjà disponible sur Arte TV et sur la chaîne le 26 novembre, se passe en 2014), pourrait être encore en vie. 

Une obsession : trouver des réponses

Seuls renseignements, glanés auprès d'un militaire américain blessé par l'explosion : la soldate s'appellerait Shamaran, se serait engagée auprès des combattantes kurdes (YPJ) en guerre contre l'Etat Islamique et se trouverait dans un rayon de 300 kilomètres autour de la frontière avec la Turquie, une aiguille dans une botte de foin, donc. Mais pour Lorraine, compagne d'Antoine (Julia Faure), la ressemblance entre Shamaran et Anna est une "coïncidence". Le corps a été identifié. Compatibilité ADN : 96%. Identification dentaire : 95%. 

 

Anna (Mélanie Thierry) a été tuée dans un attentat au Caire, deux ans auparavant. (ARTE)Anna (Mélanie Thierry) a été tuée dans un attentat au Caire, deux ans auparavant. (ARTE)

 

Pourtant, trop de questions restent en suspens. Comment expliquer qu'Anna, simple archéologue au Caire, ait été la seule visée lors de l'attentat terroriste qui a provoqué sa mort ? Pourquoi avoir laissé une lettre à l'attention d'Antoine et supprimé le mot de passe de son ordinateur pour le rendre accessible ? Et cette montre qu'elle ne portait jamais, pourquoi l'avoir arborée le jour de l'incident, comme un indice laissé à son frère pour comprendre ?

Ces cheveux, entortillés autour d'un élastique, cette silhouette si proche de celle d'Anna, ces gestes, profondément ancrés dans sa mémoire, ravivent tous les espoirs d'Antoine. Il se lance alors dans la plus grande quête de sa vie, une quête obsessionnelle : trouver la mystérieuse inconnue du bataillon d'Alep.

 

En Syrie, Antoine (Félix Moati) tente de retrouver sa soeur, qu'il croit engagé auprès des combattantes kurdes. (ARTE)En Syrie, Antoine (Félix Moati) tente de retrouver sa soeur, qu'il croit engagé auprès des combattantes kurdes. (ARTE)

 

La série nous embarque ainsi aux côtés d'Antoine au-delà des frontières montagneuses de la Turquie et de la Syrie, dans une fresque familiale intime à l'esthétique léchée. La musique, signée Rutger Hoedemaekers (Trapped, Premier contact) et utilisée avec une grande parcimonie, contribue un instiller un climat terriblement tendu. Antoine a une idée fixe : trouver des réponses, au péril de sa vie. Mais le chemin sera semé d'embûches, et le jeune Français se retrouve malgré lui au coeur d'un conflit géopolitique qui le dépasse.

Le conflit syrien en arrière-plan

On peut dire que Félix Moati aura parcouru un long chemin depuis LOL - Laughing Out Loud de Lisa Azuelos, film qui a révélé le comédien de trente ans. Dans No Man's Land, il incarne un homme porté par ses convictions, naïf de prime abord, qui va au fil de son périple mieux comprendre la complexité du monde qui l'entoure, entouré des femmes fortes du YPJ.

 

Sarya (Souheila Yacoub) fait partie des femmes engagées au YPJ.  (ARTE)Sarya (Souheila Yacoub) fait partie des femmes engagées au YPJ.  (ARTE)

 

La série pourrait, par facilité, céder à l'écueil du manichéisme. Ce n'est pas le cas, grâce à une habile utilisation des flashbacks. On saisit des instants de la vie de chacun des personnages - celle d'Antoine, mais aussi celles des combattantes kurdes et des djihadistes de l'Etat Islamique. 

Sarya, kurde (Souheila Yacoub), a grandi à Paris avant de sillonner les routes sablonneuses de Syrie sous la bannière du YPJ. De l'autre côté, Iyad (Jo Ben Ayed) garde un souvenir plein de dégoût de ses années de piano qui le détournaient de sa conception de l'Islam, enfant, tandis qu'il écumait sa cité avec ses copains, Nasser (James Floyd) et Paul (Dean Ridge). 

 

Félix Moati dans "No Man's Land". (ARTE)Félix Moati dans "No Man's Land". (ARTE)

 

Les trois sont désormais là, en Syrie. Et Paul se sent tiraillé, entre les responsabilités familiales laissées au Royaume-Uni et ce combat qu'il s'est juré de mener contre l'Occident et auquel il est désormais impossible d'échapper. Cette narration non linéaire permet d'aborder un sujet toujours tabou - les motivations des combattants de Daesh, aveuglés par la foi, prêts à tuer "pour le bien du califat" mais dont les convictions sont parfois ébranlées par les doutes, et celles de leurs opposants...


En huit épisodes de cinquante minutes, en plus de son intrigue principale, la mini-série propose des portraits d'hommes et de femmes engagés dans le conflit, sans jamais sombrer dans les clichés ni se targuer de raconter la guerre. Une violence souvent crue, un suspense insoutenable, un jeu d'acteurs très juste et un scénario bien ficelé en font une mini-série à côté de laquelle il serait dommage de passer en cette rentrée.

 

 

Belle série entre France, Egypte et  Syrie où l'on découvre l'engagement des femmes kurdes dans le conflit syrien d'une part et l'extrême cruauté qui règne dans les territoires occupés par les combattants de l'Etat islamique d'autre part, à travers la présence de jeunes gens et jeunes femmes enrôles depuis le monde occidental (France, Royaume-Uni). 

Vu en décembre 2020 (Arte)