Les héritiers (The legacy) : Série (Danemark), 3 saisons, 10, 7 et 9 épisodes d'environ 55 minutes chacun, 2014-2017
Création : Maya Ilsøe
Production : Christian Rank, Marie-Louise Gyldenkrone
Réalisation : Pernilla August, Heidi Maria Faisst, Jesper Christensen, Louise N. D. Friedberg
Auteurs : Maya Ilsøe, Per Daumiller, Maja Jul Larsen, Anders August, Karina Dam
Son : Mohamed Ilyas Guetal Antoine Morin Production : Narimane Mari Olivier Boischot Michel Haas Allers Retours Films Centrale Électrique
Distribution : DR, Arte
Acteurs : Trine Dyrholm : Gro Grønnegaard, fille aînée de Veronika et maîtresse de Robert ; Jesper Christensen : Thomas Konrad, compagnon de Veronika ; Marie Bach Hansen (da) : Signe Larsen, fille biologique de Veronika ; Carsten Bjørnlund : Frederik Grønnegaard, premier fils de Veronika ; Mikkel Boe Følsgaard : Emil Grønnegaard, second fils de Veronika ; Lene Maria Christensen : Solveig Riis Grønnegaard, épouse de Frederik ; Trond Espen Seim : Robert Eliassen, homme marié entretenant une relation avec Gro ; Annette Katzmann (da) : Lise Larsen, la femme de John et mère adoptive de Signe ; Jens Jørn Spottag (da) : John Larsen, le père biologique de Signe Kirsten Lehfeldt (da) : Lone Ramsboll, avocate et amie de Veronika ; Victor Stoltenberg Nielsen : Villads Grønnegaard, fils de Frederik et de Solveig ; Karla Løkke : Hannah Grønnegaard, fille de Frederik et de Solveig
Suite au décès de leur mère, trois frères et sœur sont réunis pour l’héritage. À la surprise générale, sa fille illégitime hérite de la propriété. Querelles et secrets vont entamer des relations déjà fragiles au sein de la fratrie. Drame familial hautement addictif, la série “Les héritiers” confirme la maestria danoise en matière de séries. Couronnée par le FIPA d’Or en 2014.
La créatrice danoise des « Héritiers », Maya Ilsoe, explique être partie d’un postulat : « On ne connaît sa famille que le jour où l’on doit se partager un héritage. » Ce qui l’a amenée à développer le scénario très convaincant des relations d’une fratrie après le décès du dernier de leurs parents – en confiant la réalisation, élégante, à la Suédoise Pernilla August.
Tout commence donc par un décès. Ou presque. Car le temps d’une scène apparaît Veronika Gronnegaard. Avant que le cancer ne l’emporte, celle-ci prend contact avec une jeune fleuriste de la ville pour lui révéler qu’elle est sa mère et qu’elle lui lègue le grand domaine où elle a vécu avec ses trois autres enfants. Signe découvre ainsi qu’elle fut adoptée toute petite, que sa mère biologique est une plasticienne internationalement célébrée, et qu’en plus d’un grand domaine elle hérite de deux demi-frères et d’une demi-sœur…
Les trois enfants « officiels », nés de deux pères différents, vont fort peu goûter la surprise que leur livre le testament de leur mère. Car, outre que chacun avait une idée de ce que devait devenir le domaine de leur enfance, le fait que cette immense maison-atelier revienne à une « étrangère » dépasse leur entendement. L’un, Frederik, va la revendiquer pour y vivre avec sa petite famille ; son frère Emil, qui doit de l’argent à la mafia thaïlandaise, voudrait pouvoir la vendre ; quant à leur demi-sœur Gro (Trine Dyrholm, très présente dans le cinéma danois depuis Festen), rien ne la détournera de l’idée que cette demeure doit devenir un musée pour y accueillir les œuvres d’une mère qu’elle a toujours secondée et admirée… sans retour.
Dissemblables mais uni
Personne n’est ici un monstre ; chacun a d’excellentes raisons ou motivations à mettre en avant ; les enfants reconnus sont plutôt ouverts d’esprit, fruits d’une éducation « années 1970 » que leur a donnée Veronika, mais chacun a ses propres enjeux, ses blocages, et un passé différent qui remonte à la surface.
Au-delà du décès d’une mère et de sa volonté de reconnaître aux yeux de tous la fille qu’elle abandonna il y a vingt ans, « Les Héritiers » n’est bâti sur aucun rebondissement ni grande révélation. L’intrigue prend le temps de s’installer, tout comme les différents personnages au sein de cette série où se dessine une famille qui, peu à peu, devient proche.
Les objets intrigants qu’a laissés Veronika dans son immense maison et sur son domaine (dont une carcasse d’avion dans une allée) sont à l’image de ses enfants : chacun suscite l’intérêt et parfois même émeut, autant pour ce qu’il révèle que pour le mystère qu’il préserve. L’art le plus subtil du scénario amène le spectateur à s’interroger sur ce qui, au fond, peut « faire famille » à partir d’êtres si dissemblables que ces quatre enfants désormais adultes. Sur ce qui unit malgré tout des frères et des sœurs, quand tout semble pourtant les séparer.
Présentée en 2014 au Festival international de programmes audiovisuels, « Arvingerne », le titre danois de cette série, avait à juste raison remporté le Fipa d’or de la meilleure série ainsi que celui du meilleur scénario de série. Une deuxième saison a d’ores et déjà été tournée.
« Les Héritiers » (« Arvingerne »), saison 1. Série créée par Maya Ilsoe. Avec Trine Dyrholm, Marie Bach Hansen, Carsten Bjornlund, Mikkel Boe Folsgaard (Danemark, 2014, 10 ép. × 55 min). Trois épisodes à la suite le jeudi, diffusés en vost et en vf.
Martine Delahaye (Le Monde)
Série danoise étonnante : l'intrigue tourne autour de l'héritage moral et matériel d'une femme artiste, et de ses quatre enfants qui se découvrent au fil des difficultés qui ne manquent pas de survenir dans la demeure familiale chargée de secrets cachés dans l'atelier de l'artiste et autres relations qu'entretenait la mystérieuse défunte avec les uns et les autres.
Les personnages multiplient maladresses et gestes d'affection, avec impulsivité et précipitation entrainant le groupe familial dans un chaos assez étourdissant.
Vu en décembre 2023 (Arte)